Une politique de l'ironie : Thomas Mann, considérations d'un apolitique.
Abstract
Thomas Mann, s'il n'a jamais été ni nazi, ni stalinien, par un rare privilège dans un siècle ou l'antinazisme a si souvent été justifié par le communisme, et l'anticommunisme, le ralliement à Hitler, ne l'a certes pas dû à la répudiation de la position qu'il avait faite sienne dans les Considérations d'un apolitique (1918), mais au contraire, à la fidélité qu'il lui a conservée : prémuni, par sa distance ironique envers la barbarie, contre l'attirance que Hitler pouvait susciter comme visage de la Droite pure, il était également protégé contre le charme que le nazisme pouvait aussi jeter en sa qualité de centrisme, parce qu'il avait déjà réconcilié pour lui-même les valeurs de la Gauche avec celles de la Droite, au sein de son ironie.