Le rôle des marges linguistiques dans la transmission des chansons de tradition orale : quelques remarques sur les versions du "Roi Renaud" en Bretagne.
Abstract
En matière de culture populaire, l'innovation et le renouvellement viennent en général des milieux dits "lettrés". Empruntés et assimilés par des milieux analphabètes, de culture orale, les textes écrits reçoivent une seconde vie, que ces milieux populaires leur offrent en leur faisant leur bien. On se trouve donc en face de "deux" objets : un antécédent figé, daté, accompagné des ses éventuelles copies, qui va vivre, le temps que la mode lui conserve une actualité ou lui concède un intérêt, et une adaptation vivante et mouvante, portée par une culture orale qui va continuer à se nourrir de l'oeuvre et à la transmettre tant qu'elle conservera sens et valeur. Si l'oeuvre première passe, aux marges, dans un univers linguistique différent, elle va prendre un relief particulier, acquérir une autonomie qui donnera du prix à sa descendance "sauvage". Notons que ce type de processus est observable aussi bien en matière de prose narrative que de poésie, de musique que de théâtre ou même de danse, et concerne finalement toutes les formes d'art.