Le mémorial de la Grande Guerre à Sainte-Anne d'Auray. monument de la commémoration de masse catholique (1921-1937).
Abstract
Le mémorial de Sainte-Anne-d'Auray peut-être considéré comme le monument fédérateur de le mémoire de la Grande Guerre en Bretagne durant l'entre-deux-guerres ? Non, si l'on regarde les conditions de sa création au début des années 1920 qui en font un monument très marqué de la défense catholique et qui a d'ailleurs eu du mal à s'imposer pour des raisons matérielles, financières et de déficit de reconnaissance du sanctuaire à l'échelle régionale. Oui cependant, si l'on considère que, dès la période du Cartel des gauches, le monument en cours d'élévation génère financement et adhésions populaires, grâce à une propagande habile, à la multiplication des rassemblements de masse et à l'absence de contre-projet. Les années 1930 constituent à ce titre une phase d'équilibre et d'achèvement. Le mémorial devient à la fois le sanctuaire du deuil collectif régional favorisant l'extension du pèlerinage voulue par la hiérarchie catholique et le théâtre d'impressionnantes manifestations fédératives d'anciens combattants en 1932 et 1937. Ce succès repose néanmoins sur l'ambiguïté de l'inflation sacrificielle qui en fait jusqu'à aujourd'hui des "240 000 morts" de 1914-1918.