Taxinomies sentimentales
Abstract
Il faudrait être bête, aujourd'hui, pour ne pas aimer les animaux. Aimer les animaux nous anoblit. Reconnaître leur intelligence nous rapproche de la science et de ses passionnantes vérités. Afficher notre amour et éventuellement nos regrets pour leurs souffrances et leur mort nous permet aussi de les exploiter tout en déchargeant sur d'autres (bouchers, chasseurs, vivisecteurs) la responsabilité de nos actes. Une chose est notre manière de nous représenter les animaux, de leur donner une place dans nos « cosmologies », autre chose est la nature réelle des rapports que nous entretenons avec eux. Par des exemples concrets, nous analysons ici les principaux aspects d'une controverse latente opposant les ruraux, les éthologues, les amis des animaux (au sein d'une «lutte des classifications» où le statut de l'animal semble davantage un prétexte que le véritable enjeu). Lorsqu'on analyse le discours contemporain sur l'animal, on constate une sorte d'inversion par rapport au discours traditionnel: si les mythes d'autrefois expliquaient (et construisaient) la distance nous séparant des animaux, les « mythes » d'aujourd'hui annoncent l'abolition de cette distance tout en rejetant une partie du genre humain (ceux qui n'on pas intégré la bonne nouvelle) dans le versant de l'inhumanité. Faut-il considérer les animaux, ces « proches de l'homme », comme les véritables destinataires d'une réhabilitation collective ou bien comme des prête-noms, des « doudous pour adultes » permettant à leurs porte-parole de se mettre en scène ?
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