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-> DUMASRepository for students' Research Papers (Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance) Last Research Paper submitted
En 1750 et 1751, une campagne hydrographique est réalisée dans le golfe de Gascogne à la demande du Dépôt des cartes et plans de la Marine. Cette campagne a pour but de vérifier et de corriger des cartes marines déjà publiées de la même région. Pendant la mission, plus de 350 sondes à plomb suiffé sont relevées dans le golfe afin de mesurer la profondeur de l’eau et pour lever des échantillons du fond marin à différents points. En étudiant les diverses archives provenant de cette campagne, la chaîne de production des savoirs hydrographiques en jeu au XVIIIe siècle est exposée et déconstruite. Elle englobe chaque étape dans le processus de construction de cartes marines, de l’émergence d’un besoin aux travaux sur le terrain et à leur utilisation finale. Les archives contiennent également les données hydrographiques brutes récoltées pendant la mission. Une méthodologie pour le traitement et l’analyse de ces données hydrographiques historiques est proposée et détaillée. La chaîne de traitement passe par la transcription des données des sources archivistiques à leur standardisation et classification selon des données de référence. Les données historiques ainsi traitées sont ensuite comparées et analysées par rapport à des données actuelles équivalentes. La méthodologie développée implique l’utilisation d’outils en humanités numériques, surtout pour la visualisation via la mise en carte des données historiques traitées.
La question traitée est celle de l’utilisation des techniques du cinéma dans la représentation de certaines catégories du discours scientifique, plus particulièrement celles qui émergent avec la naissance, puis le développement de l’océanographie au 19ème siècle. Cette problématique sera abordée sous l’angle d’une histoire des techniques d’une part, et son déploiement en relation avec la construction du récit scientifique, d’autre part. Cette histoire des techniques, contrairement à ce que pourrait être une historiographie générale des objectifs et des pratiques du cinéma scientifique, prendra appui sur un élément particulier, exemplaire de la relation entre culture populaire et culture savante, puisqu’il s’agit des représentations des mondes sous-marins au cinéma. Son déploiement se fera à partir des premières recherches et expérimentations en photographie sous-marine (Louis Boutan) et des études sur le mouvement des êtres vivants dans l’eau (Étienne-Jules Marey) pour aboutir à l’invention d’un genre cinématographique à part entière, mêlant aventures marines et représentation de la vie dans les océans, dont Jacques-Yves Cousteau et Hans Hass seront les principaux représentants au tournant des années 1950.
Après avoir été effrayé à l’idée de voyager par plaisir en raison de la connotation guerrière de cette dernière mais également d’une peur des reliefs naturels, une nouvelle perception renverse à la fin du XVIe siècle cette pensée. La conception utilitaire du voyage prend l'ascendant au cours du siècle suivant, avec la possibilité d'apprendre et de se forger une culture personnelle jugée essentielle aux nobles de cette époque. Cette conception évolue à nouveau grâce à l'influence des Lumières et de nombreuses découvertes scientifiques ou philosophiques du XVIIIe siècle. La pratique voyageuse est maintenant comprise comme un moyen de connaître la terre, de partager les savoirs pour une plus grande égalité. Dans ce contexte, les scientifiques sont devenues des acteurs centraux, notamment en se rendant directement sur les lieux à expertiser. Ainsi, en plus d'une large publication d'imprimés de relation de voyage fait par des nobles en mission diplomatique ou dans la réalisation de leurs Grands Tours, se développent en parallèle des mémoires scientifiques tirés de leurs voyages. Dans la même période, un nouvel acteur dans le chaînon de l'imprimerie vient bouleverser l'ordre établi au siècle précédent, les périodiques. C'est avec ce nouveau support que les savants-voyageurs ont diffusé non seulement des extraits de leurs mémoires mais également des lettres, des synthèses et des questionnements portants sur les avancées scientifiques. Dans ce microcosme où vivent savants et acteurs de l'impression, de nombreux d’échanges et interactions s’étiolent, tels que des demandes d'instructions spécifiques ou d'aide particulière pour récupérer divers échantillons provenant d'une région lointaine. Cet ensemble se représente également à travers le carnet, un outil essentiel à la sauvegarde des pensées du voyageur qui le suit en toutes circonstances au cours de ses trajets. C'est avec cette source que ce mémoire se propose de retracer la méthodologie d'un savant-voyageur au tournant du XVIIIe siècle en la personne du chevalier Déodat de Dolomieu. Au travers de ses carnets se dévoile les traces de sa pensée savante et des évolutions de cette dernière au cours de ses pérégrinations, permettant la reconstruction d'une méthodologie propre à ce dernier. De même, elle permet la sauvegarde des humeurs de son propriétaire au cours de ses trajets mettant en lumière sa perception de la pratique voyageuse. Enfin, ce même objet se révèle être l'outil le plus essentiel à la propre compréhension de sa conception aux yeux de son propriétaire, ainsi que de pouvoir distinguer si cela est réellement nécessaire les propriétés entre une relation de voyages pour son plaisir et celui d'une relation savante faite pour autrui.
L’objet de ce travail de recherches est de s’interroger sur l’influence de la religion protestante sur le développement des idées entre le XVIe et le XVIIIe siècle en Europe du Nord en étudiant notamment les relations entre le mouvement des Lumières et le christianisme. Dans un premier temps, ce travail s’intéressera à l’histoire du protestantisme, et essayera de montrer l’existence d’un lien entre la manière de penser des protestants et le rationalisme. Le catholicisme et la position de l’Église catholique vis-à-vis de l’effervescence intellectuelle et du progrès scientifique aura également une grande place dans cette étude. Bien que le progrès scientifique et culturel devînt de plus en plus gênant pour l’Église, il sera rappelé que certains catholiques jouèrent bel et bien un rôle dans le développement des idées de l’époque. Enfin, l’objectif sera de comprendre dans quelles mesures l’héritage des conflits religieux et les théories du XVIIIe siècle sur la religion et sur la tolérance religieuse menèrent à la déchristianisation puis à la laïcisation des pays européens.
Le mémoire considère un groupe de travail oeuvrant collectivement à la fabrication d'une pirogue : au-delà de l'activité technique et de la chaîne opératoire, il présente l'organisation du groupe (par encastrement du psychologique dans le social et le physique) ainsi qu'une vision d'ensemble des modes de production scientifiques. Le terrain a été réalisé en Guyane française, dans l'ethnie Djuka.
Notre projet de mémoire, ci-dessous développé, est le suivant : comment étudier la notion d'émergence dans le cadre de la métaphysique anglo-saxonne contemporaine ? Pour répondre à cette question, notre réflexion partira du système ontologique particulier, à savoir le "carré ontologique", d'inspiration aristotélicienne et repris par un auteur contemporain, E.J. Lowe. Dans ce système, les catégories ontologique d'"objet", de "phénomène", de "propriété" et de "condition" sont analysées comme étant fondamentales, irréductibles et suffisantes pour décrire tout le contenu de la réalité. Nous nous sommes limités cette année à la présentation de ce système, espérant par la suite pouvoir le développer dans le sens d'un physicalisme non réductif. Notre thèse finale sera alors la suivante : il est possible que de nouvelles conditions émergent.
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Otto Neugebauer (1899-1990) et François Thureau-Dangin (1872-1944) sont les principaux pionniers du déchiffrement des textes mathématiques inscrits en écriture cunéiforme sur des tablettes d’argile provenant de la Mésopotamie. Dans les années 1930, ils se livrèrent à une sorte de course au déchiffrement qui a débouché sur l’état caractéristique du domaine de l’histoire des mathématiques cunéiformes d’avoir à disposition deux éditions différentes des mêmes textes réalisées à la même époque.Dans la lignée des recherches historiographiques du projet SAW ("mathematical Sciences in the Ancient World", projet porté par Karine Chemla sur un financement de l’European Research Council), cette thèse entend exploiter la richesse de ce matériau pour permettre d’éclairer les manières dont l’édition des textes mathématiques cunéiformes à cette époque a pu façonner le champ d’étude.La démarche adoptée ici consiste à combiner concrètement le travail sur les sources anciennes avec une prise en compte consciente et assumée de l’historiographie de ces mêmes sources. L’édition d’un groupe restreint de textes mathématiques paléo-babyloniens appelés « textes kibsu » est étudié selon trois angles d’approche : histoire matérielle des textes, analyse de diagnostics d’erreur portés par les éditeurs, analyse de l’usage des formules mathématiques dans les commentaires. Cette partie de l’enquète dialogue avec le contexte plus général de la carrière des deux principaux protagonistes et de leurs perspectives historiques dans le déchiffrement des sources documentant l’histoire des mathématiques en Mésopotamie qui sont scrutées en détail dans une première partie.Le résultat est une image détaillée et contextualisée du processus d’influence mutuelle entre déchiffrement du texte et compréhension de son contenu, le fameux cercle herméneutique, depuis la découverte des tablettes en question jusqu’à leur publication dans les éditions de référence. Au passage, un examen critique de la pratique encore largement répandue consistant à restaurer l’ordre de grandeur des nombres inscrits dans la notation sexagésimale positionnelle, étudiée dans sa relation historique avec le déchiffrement des métrologies cunéiformes, plaide pour un abandon définitif de cette pratique.
Les prises de décision de limitations et d’arrêts des traitements chez les patients de réanimation suscitent encore de nombreuses insatisfactions au sein des équipes de soin, et ces insatisfactions sont source de détresse morale et de conflits. Nous nous sommes donc intéressés à la mise en œuvre de la « procédure collégiale » dans les services de réanimation français. Dans un premier temps, nous avons étudié en détail les processus décisionnels et avons découvert qu’ils suivaient 5 étapes : 1) Le déclenchement, 2) La divulgation, 3) La réunion pluri-professionnelle, 4) L’information des proches (et des patients le cas échéant), et 5) La mise en œuvre des L.A.T. Nous nous sommes attachés à mettre au jour les variations existantes pour chaque étape ainsi qu’à comprendre les obstacles à la collégialité et à la satisfaction des médecins et des infirmiers. Dans un deuxième temps, nous avons cherché à déterminer les spécificités du regard infirmier sur les situations déclenchant une procédure collégiale. Il nous est apparu que l’expertise spécifique infirmière porte sur la connaissance du corps et du vécu du corps du patient (corps en santé, corps soumis à la maladie). Nous avons repris le concept de J. Lawler de savoirs somologiques. Dans un troisième temps, nous nous sommes intéressés au travail narratif des soignants en réanimation autour des patients inconscients, et plus spécifiquement dans le contexte des modifications de projet thérapeutique. Ce travail de thèse, nous l’espérons, présente ainsi trois aspects peu étudiés d’un sujet pourtant classique et apporte de nouveaux outils pour penser les insatisfactions autour des décisions de L.A.T.
Sous la troisième République, de nombreux militants du mouvement ouvrier se sont intéressés à l’astronomie, s’appuyant parfois sur cette science pour élaborer et défendre des discours révolutionnaires. Cet intérêt s'inscrit à la fois dans un contexte plus général de « popularisation » de l'astronomie dans l’espace public, d’un important développement de sa pratique chez les amateurs et de la prise en compte des enjeux d'éducation populaire de la part de nombreux militants, au moment où le mouvement ouvrier se structure. Ma thèse propose ainsi une histoire populaire de l’« Astronomie populaire », en se structurant autour de trois axes de réflexion :1) Astronomie, classes populaires et question révolutionnaireDans ce premier axe, je m’intéresse aux productions d’acteurs du mouvement ouvrier qui accordent une place importante à l’astronomie au sein de leurs réflexions politiques. Il s’agit ainsi de mieux comprendre cette articulation entre étude du cosmos et théorie révolutionnaire, qui apparaît à plusieurs reprises chez différents militants.On peut également distinguer chez ces militants deux catégories distinctes : ceux appartenant à l’élite intellectuelle mais s’engageant à la façon de théoriciens et « porte-paroles » de la classe ouvrière, et ceux directement issus du prolétariat ayant acquis des connaissances de manière autodidacte. Cette distinction m’amène notamment à interroger les différentes catégories auxquelles le terme « populaire » peut renvoyer : l’astronomie populaire est-elle une astronomie faite pour le peuple ou bien par le peuple ?2) Une science au service de l’émancipation ? L’astronomie dans l’éducation populaireDans ce deuxième axe, je m'intéresse à la place de l’astronomie au sein de diverses initiatives d'éducation populaire. Alors qu’il n’existe pas d’enseignement officiel de cette science dans les programmes de l’école primaire élémentaire, on retrouve sa trace à plusieurs reprises au sein d’expériences éducatives portées par les nouveaux mouvements pédagogiques qui apparaissent à cette période (pédagogies libertaires, Éducation nouvelle, Éclaireurs de France etc.).Du côté des adultes, en plus des nombreux ouvrages et revues de vulgarisation, c’est aussi sous la forme de cours publics et de conférences que l’astronomie a pu se diffuser. On retrouve par exemple régulièrement cette thématique dans les programmes des Universités Populaires des années 1900.3) Le peuple des amateurs : sociétés savantes et astronomie populaireJ'étudie dans ce dernier axe les dynamiques sociales qui structurent le milieu des astronomes amateurs. J'y interroge notamment les processus d'intégration ou d’exclusion des classes populaires au sein des différents clubs et sociétés d'astronomie, généralement animés par des individus de condition aisée.Ce milieu tient néanmoins un rôle important entre celui des professionnels et celui des militants du mouvement ouvrier. Si certains de ces derniers vont devenir des astronomes amateurs, la plupart vont surtout s’appuyer sur des revues de vulgarisation et sur des documents produits par les cercles d’amateurs.Une autre particularité de mon travail de thèse est d’intégrer l’échelon local, à travers l’étude de deux sociétés d’astronomes amateurs, à Toulouse et à Montpellier. Ma recherche développe ainsi une approche locale de ces cercles pour mieux saisir leur inscription dans la ville, et leurs interactions avec un public plus large.Les différents acteurs étudiés dans cette thèse revendiquent tous peu ou prou une dimension « populaire » dans leurs démarches, mais selon des acceptations du terme parfois très éloignées. Ce travail tente ainsi à la fois de préciser ces différentes utilisation d’un même terme accolé comme adjectif à un savoir scientifique, tout en mettant en évidence l’usage politique particulier de cette science par des militants révolutionnaires, dans la perspective d’une transformation radicale de la société.
Amplifiées par les innovations scientifiques et techniques de la Deuxième Guerre mondiale, puis par la généralisation de l’automatique, les tentatives de redéfinitions opérationnelles des activités sociales apparaissent comme une caractéristique de la seconde moitié du XXe siècle. Cette thèse en propose une sociologie historique, menée à partir du cas particulier de l’archéologie. Ce domaine scientifique fait alors l’objet d’efforts accrus de disciplinarisation et de professionnalisation. C’est également le cas des mathématiques appliquées puis de l’informatique : cette étude porte précisément sur les rapports établis à l’intersection de ces trois domaines. En France, au cours des années 1950 et 1960, les innovations méthodologiques et conceptuelles y ont été particulièrement importantes. Pourtant, par la suite, leur réception s’est révélée relativement mineure. En archéologie, les innovations relatives aux mathématiques appliquées, à la formalisation du langage et à l’automatique n’ont pas donné lieu au développement d’une spécialité fondée sur le calcul. Cette situation contraste avec celle d’autres disciplines ou d’autres pays, et ceci alors même que les redéfinitions théoriques et méthodologiques de la « New Archaeology » anglophone se diffusaient à l’échelle internationale. La thèse explore les cas de trois entreprises collectives, menées respectivement autour de Georges Laplace, Jean-Claude Gardin, et Jean Lesage, entre France, Espagne et Italie. Ces cas sont complétés par ceux d’un ensemble d’acteurs ayant été à la fois ingénieurs et archéologues. D’un point de vue général, cette étude porte sur les statuts cognitifs et sociaux des contributions méthodologiques dans l’activité scientifique. Trois modèles de relations entre spécialistes d’un domaine scientifique et spécialistes des sciences formelles sont identifiés et décrits. Les transformations entraînées par l’introduction des mathématiques et de l’automatique dans la division du travail et la distribution des formes de reconnaissance sont analysées. La réception de ces propositions méthodologiques est discutée à l’aune de différents facteurs et modèles de l’innovation scientifique. Ce sont, au final, des éclairages nouveaux sur le développement de l’archéologie préventive et sur la genèse des recours aux technologies « numériques » en sciences de l'homme qui sont proposés. L’analyse tire parti de 82 entretiens, 23 fonds d’archives et de plusieurs jeux de données bibliométriques (pré-existants ou constitués pour cette étude). En écho aux travaux pris pour objets, cette thèse se veut également une proposition, par le fait, d’un usage possible de la formalisation et de l’informatique en sciences sociales. Fondées sur l’emploi d’un wiki et les principes de la programmation lettrée et de la reproductibilité des analyses, les architectures documentaires et démonstratives de cette étude font elles-mêmes l’objet d’une analyse.
En France, la réaction sociale à la crise psychique est essentiellement assurée par les urgences de l’hôpital psychiatrique public qui sont confrontées à des difficultés d’ordre économique, conjoncturel, et moral. Cependant, les principales orientations politiques nationales et internationales ont adopté les principes du rétablissement, et préconisent le développement d’alternatives aux urgences psychiatriques conformément aux revendications des (ex)usagers de la psychiatrie. Comment se fait la réception française de cette nouvelle politique de santé mentale ? Ainsi, la thèse analyse l’expérience individuelle et sociale de la crise psychique par l’ethnographie d’un dispositif innovant, le Lieu de Répit Marseille, qui propose un accueil soutenu de la crise psychique par le savoir expérientiel en alternative à l’hospitalisation. L’observation des interactions entre les acteurs (usagers, proches, professionnels de santé, etc.) révèle l’incidence du cadre moral sur l’expérience vécue de la crise psychique. La thèse montre une hiérarchisation sociale subit par les (ex)usagers de la psychiatrie qui imprègne les modalités de soin, et le Stigmate (Goffman, 1975) que représentent les troubles psychiques participe à l’instauration d’une méfiance vis-à-vis de l’institution hospitalière. La valorisation des savoirs expérientiels et du travail pair au lieu de répit permet de partager l’expérience des troubles, et d’instaurer de nouvelles normes relationnelles qui produisent des effets thérapeutiques. La participation des (ex)usagers aux niveaux micro, méso, et macrosocial entraîne l’évolution des interactions sociales, et représente un levier pour améliorer la réponse à la crise psychique. La thèse s’est intégrée à une recherche-action participative qui a accompagné la construction du modèle interventionnel. Dans un premier temps, une analyse des trajectoires hospitalières est réalisée, puis le dispositif innovant est situé dans une perspective historique et spatiale. Le processus de recherche-action participative est analysé, ainsi que le lexique local qui révèle les normes morales des acteurs, et les représentations sociales associées à la psychose. La seconde partie précise les modalités pratiques du dispositif et souligne la complexité organisationnelle induite par la crise psychique. Le travail émotionnel réalisé par les intervenants est souligné et mis en lien avec les spécificités du travail pair, ses apports et les modifications identitaires qu’il induit. Pour finir, les parcours de rétablissement des usagers du lieu de répit sont analysés.
Cette thèse interroge les représentations que les géographes français du XXe siècle se font de leurs activités de recherche en explorant les multiples significations que recouvre pour eux le terrain, et notamment la place qu'il occupe dans les dispositifs heuristiques et dans l'imaginaire disciplinaire. Cette recherche entend appliquer à l'histoire de la géographie les approches et les méthodes de la sociologie des sciences. Tout au long de la période, le terrain constitue un ordre du discours dominant qui structure durablement les représentations et les pratiques : face aux lectures inspirées par la théorie des révolutions scientifiques, cette thèse met au contraire en lumière la stabilité des discours. La " crise de la géographie " qui désigne la période de doutes que traverse la discipline durant les années 1960 et 1970 apparaît alors davantage comme une mutation des discours et non comme un changement radical des pratiques. Ce changement de focale sur l'histoire de la discipline oblige donc à repenser les cadres avec lesquels l'écrire : le terrain - envisagé comme un " objet scientifique total " - constitue alors une entrée pertinente pour appréhender la géographie dans son ensemble, c'est-à-dire à la fois ses contenus, ses méthodes, ses finalités et ses acteurs.
Entre 1780 et 1860 en Europe, la géographie se structure peu à peu en champ scientifique et académique indépendant, et particulièrement en France, Prusse et Grande-Bretagne. Au même moment dans ces trois pays européens, des géographes travaillent à ce que leur champ soit enfin considéré comme une science à part entière, au même titre par exemple que l'histoire ou les mathématiques. Ils construisent leur champ à la faveur d'un renouvellement profond de ses principes institutionnels et épistémologiques, selon un processus similaire dans ces trois sphères. Ils organisent progressivement les connaissances géographiques selon une exigence de scientificité, dont ils discutent les modalités. Ce processus de construction à la fois scientifique et disciplinaire est profondément marqué par l'héritage des Lumières et l'esprit universaliste, mais, parallèlement, il se trouve également influencé et informé par le contexte politique. Entre 1785 et 1860, les savoirs géographiques sont en effet investis d'une valeur stratégique grandissante : ils jouent un rôle majeur dans les idéologies politiques des États et également dans les actions politiques menées. En interrogeant conjointement les champs du politique et des savoirs géographiques, cette thèse vise ainsi à mettre en évidence en quoi le processus de montée en discipline des savoirs géographiques engagé simultanément en France, en Prusse et en Grande-Bretagne se trouve fondamentalement en tension entre, d'une part, une exigence universaliste portée à l'échelle européenne par le champ scientifique et, d'autre part, la nationalisation progressive des savoirs géographiques.
La géomatique, c'est-à-dire l'utilisation des technologies numériques pour acquérir, traiter, visualiser et communiquer l'information géographique, comprend de très nombreux domaines d'application dans le monde professionnel. L'usage de ces technologies (système de localisation GPS, globes virtuels sur Internet, systèmes d'information géographique...) commence à se diffuser dans la vie quotidienne et dans le domaine éducatif. Nous nous intéressons ici aux questions posées par l'introduction des outils géomatiques dans l'enseignement de la géographie. L'intégration de la géomatique ne va pas sans poser de nombreuses questions qui relèvent du champ de la géographie, de l'épistémologie, de la didactique, mais aussi de l'informatique, de la cartographie, de la psychologie cognitive, de la sociologie des usages. Elle fait rejouer de vieux débats sur la place et le rôle de la carte dans l'enseignement et l'apprentissage de la géographie, mais pose aussi la question des technologies de l'information géographique comme nouvel outil du géographe, comme manière différente de concevoir, d'enseigner et d'apprendre la géographie. Cette recherche vise d'une part à comprendre les usages et les enjeux de la cartographie et des Systèmes d'Information Géographique en classe de géographie, d'autre part à construire et à expérimenter un SIG éducatif qui favorise différents modes de raisonnement géographique. L'approche s'inscrit dans la perspective de la « genèse d'usages » géomatiques dans l'enseignement secondaire. A travers des démarches d'exploration visuelle et de résolution de problème, mêlant des approches inductives et des approches hypothético-déductives, l'enjeu est de dépasser les pratiques ritualisées et naturalisées de la carte scolaire, afin de promouvoir une nouvelle éducation géographique.
This PHD thesis deals with reciprocal contributions of research in the history of ancient mathematics (Cuneiform, Chinese, Sanskrit) and in education research; on the subject of units of measurement. A historical analysis of a selection of paleo-Babylonian tablets from Nippur is proposed, with the help of didactic tools. An epistemological analysis around ancient texts dealing with units of measurement in area of the square and rectangle is conducted, and related to the didactic reference research work. An analysis of fifth grade textbooks as well as a classroom experiment in tenth grade using history are proposed, in the framework of a didactic engineering
Over the past decade, a distinctive trend in brain-related research has been the proliferation of large-scale projects. Examples include the European Commission's Human Brain Project, the US government's BRAIN Initiative, and the Korean government's Korea Brain Initiative. Despite differing specific objectives, these projects commonly involve hundreds of researchers and budgets ranging from millions to billions of euros over approximately a decade. Proponents argue that understanding the human brain, arguably the most complex organ, can significantly advance science, medicine, information technology, and society as a whole. However, the focus on this organ is not a recent phenomenon; it has been a matter of scientific curiosity for centuries. So, why is there a surge in large-scale brain research projects, breaking away from the tradition of individual studies? And what are the implications of this new approach on the organization and conduct of research? To tackle these inquiries, I conduct a two-part qualitative study. First, I utilize the concept of the sociotechnical imaginary to illustrate that the idea of large-scale initiatives in brain research as a means of advancing science and tackling societal challenges has been prevalent over decades, even centuries. I term this phenomenon the 'traveling imaginary of Big Brain Science.' Second, to understand how this imaginary unfolds at the organizational and individual levels, I analyze the Human Brain Project (HBP). I scrutinize the motivations of various participants, their visions, and the resultant changes in the project's orientation and technological development throughout its evolution. In doing so, I apply sociological theories of expectation and professional boundaries. On a theoretical level, this research enriches the growing literature on sociotechnical imaginary and traveling imaginary by adding a significant empirical study. Specifically, it suggests that a meso and micro-sociological study can shed light on aspects often overlooked by those concepts, which primarily focus on the strategies and activities of major actors. On an empirical level, the study provides a comprehensive understanding of the traveling imaginary of Big Brain Science, which has profoundly influenced our perception of humans and society while heightening political, scientific, and public focus on the human brain. More broadly, this thesis raises concerns about politically driven large-scale investments as a mechanism for addressing societal challenges. I acknowledge that the traveling imaginary of Big Brain Science, driven by optimistic visions of the future, scientific progress, and supporting institutions and politics, has contributed to science and society. However, this research also highlights that the spread of this promise-laden imaginary allows political elites and leading scientists to leverage it to further their agendas, often sidestepping inclusive dialogues on the social utilization of scientific knowledge and the scientific soundness of such large-scale projects. Furthermore, the establishment and progress of a large-scale project remain fraught with uncertainty due to the conflicting interests and tensions among various actors. Based on these insights, this research advocates for a critical understanding of large-scale endeavors and the traveling imaginaries of cutting-edge fields that underpin those projects.
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