Archives photographiques et constitution de collection d’antiquités en Egypte au XIXe siècle : James Douglas père et fils, un voyage entre conformisme et aventures»,
Résumé
En 1860-61, dans son second voyage de quatre mois sur le Nil, en Egypte, du Caire à Abou Simbel, le Docteur James Douglas, accompagné de son fils, a fait des photos de terrain qui ont été collées des albums au titre de Photographic views in Egypt and Nubia, dont les rares exemplaires sont conservés à l’Université Laval, la British Library, la Wilbour Library of Egyptology du Brooklyn Museum et l’Archive of Modern Conflict (AMC) de Toronto. Comparés avec leur récit de voyage, publié seulement en 1910, elles permettent d’établir le mode opératoire du voyage sur le Nil, une carte du périple et d’évaluer dans quelle mesure les voyageurs ont fait preuve d’originalité et d’érudition dans leurs choix de visite. Ont-ils simplement suivi les guides touristiques, cherchaient-ils des aventures encore possibles dans le désert ? Leurs prises de vues sont-elles représentatives du voyage des antiquaires de l’époque ? Les photos semblent retracer la grande histoire patrimoniale des vestiges de l’Egypte pharaonique (Saqqarah, Giza, Karnak, Louxor, Abou Simbel, Philae), pour certains encore non fouillés, mais aussi un intérêt érudit pour l’Egypte romaine, médiévale et contemporaine, et l’analyse des remplois architecturaux et reconstructions va au-delà de la simple curiosité du voyageur.
Les choix de visites des Douglas ont également déterminé des achats auprès de vendeurs locaux, qu’ils décrivent comme dénués de tout scrupule et spéculateurs. Ils vont constituer une collection importante, dont nous étudierons la typologie et la datation (momies d’animaux, d’humains, stèles, statues, objets rituels). Après leur retour au Canada, son devenir et son exposition est citée dans les media canadiens comme un événement, puis il y a la donation au Metropolitan Museum of Arts de New York par James Douglas Jr en 1890. Etablir la correspondance entre le récit, les objets de la collection et les photos ou les absences de photos à cause de problèmes techniques permet à l’historien de se demander comment les archives et collections du voyageur, devenu antiquaire, entrent dans l’histoire de l’archéologie.