National Library of Wales, Llanstephan 1 Version », art. cit, p.77 ,
Sur la perception des Brut gallois comme sources de Geoffroy, 1929. ,
, Contes populaires des anciens Bretons, p.15
, , pp.521-522
, Au seuil de la partie intitulée « Sources traditionnelles », La Villemarqué écrit : « Mais d'abord où les romans du Brut ont-ils pris la matière de leurs ouvrages ? Evidemment c'est dans une des chroniques galloises ou latines de Walter d'Oxford versions amplifiées d'un très ancien livre Breton apporté d'Armorique vers l'an 1120 ou dans une des traductions latines de ces chroniques faites par Geoffroi de Monmouth, p.49
,
, , p.196
Il est très probable que sa transcription personnelle, avant impression, ait été meilleure. Le cahier d'archives de 1834-1835 (LV42.016) contient déjà quelques passages du Chevalier au Lion et si l'on compare les deux documents ,
vue 76]) est-il aussi transcrit dans ce cahier : « se fesoient cortois elatner ». On observe également que le deuxième vers du roman contient la même leçon fautive sur le premier mot, p.63 ,
, Cependant La Villemarqué a souligné ce mot, ce qui indique peut-être qu'il doutait de sa propre transcription? Un autre exemple permet de remarquer qu'entre les notes de transcription opérées en 1834-1835 et l'édition de 1838
, , vol.36
, Le cahier présente toutefois une autre leçon, certes fautive, mais fondée sur une autre erreur de transcription que dans l'édition : « tous lors vive ses nons ». Ce n'est pas plus satisfaisant du point de vue du sens, mais c'est un élément qui permet d'accréditer la thèse d'une édition bien plus incorrecte que la transcription, touz jors vive ses nons » et, au même vers, dans le texte édité : « tous corz
,
, on trouve aussi plusieurs passages copiés à partir du même manuscrit de base du Chevalier au Lion, dont l'édition est à l'époque déjà parue. Mais à ce sujet, La Villemarqué note ceci : « Publié, mais fort incorrectement par moi, dans la collection des Mabinogion de lady Ch, Guest. I e partie & II e . voyez le M ss n° 1891
Là où l'édition omet un vers, celui-ci est par exemple bien reproduit ; or on ne peut douter que La Villemarqué ait utilisé ici sa propre transcription 138 . Certes la méthode d'édition dont témoigne le cahier de 1839 manque encore de rigueur, avec des formes et des graphies parfois modernisées, ce qui n'est d'ailleurs pas le cas de la version imprimée. Mais La Villemarqué témoigne de connaissances en ancien français moins fragiles que ne le laisserait penser l'édition. Les passages transcrits sont régulièrement pourvus de notes marginales indiquant la traduction de mots dont le sens lui a semblé obscur. Selon des critères contemporains, ces notes de traduction témoignent d'une familiarité approximative avec les textes et la langue médiévale, mais elles sont globalement exactes. Il a dû procéder par exemple à la vérification des mots uis, La Villemarqué transcrit d'ailleurs à cet endroit plusieurs passages tirés du même manuscrit du Chevalier au Lion et donne souvent une meilleure leçon, p.170 ,
, grenons, traduit « moustaches, p.171
, En revanche, le mot dois (« canal ») est erronément traduit « dais, p.169
, La correspondance de La Villemarqué avec l'imprimeur William Rees autorise d'ailleurs à penser que l'auteur n'a pas procédé aux corrections requises et n'a pas levé les ambiguïtés inhérentes à son écriture
, Les Romans de la Table Ronde, op. cit., présente une note comparable, Archives LV33.008bis, vol.87, p.148
, dans les Contes populaires des anciens Bretons, op. cit, il mentionne l'édition sans ce type de commentaire, p.109
18 : « Jen est amors mlt'abessi?c » est-elle transcrite de façon plus correcte dans la pièce d'archive avec la restitution du vers qui suit, manquant dans l'édition : « S'en est amors moult abessiee ,
, M. le Comte de la Villemarqué Llanarth Abergavenny" » d'après Fañch POSTIC, « L'inventaire de recherche du fonds d'archives de Théodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) : introduction et outil, p.478
, Sir". 2 pages écrites sur 4 à l'encre noire », d'après Fañch POSTIC, « L'inventaire de recherche du fonds d'archives de Théodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) : introduction et outil », ibid, p.481
, Comme en témoigne la transcription de ce vers : « Q(ui) dis que sestoient deable » (f°2a) par : « (Moi) qui dis que c'estoient déable, p.403
, 143 Dans l'ensemble, il modernise beaucoup le texte, modifiant les graphies de façon à rendre la lecture plus aisée. Il intègre aussi au texte médiéval des éléments de traduction, tels qu'on peut les observer sur le travail d'archive de 1839. Ces indications sont globalement justes, mais pas toujours : il traduit par exemple l'adjectif soustaine, qui qualifie la forêt où vivent Perceval et sa mère par « du sud », alors qu'il signifie « solitaire », « déserte ». Cependant, malgré les approximations, il n'y a pas autant de mots mal identifiés et mal compris que dans l'édition du Chevalier au Lion et l'on peut donc supposer que La Villemarqué possédait bien des rudiments d'ancien français assez solides, aide » (f°4b) par : « L'aurez en aide
les transcriptions et analyses de La Villemarqué ont surtout un intérêt en terme de réception car elles nous laissent appréhender ce que pouvait être pour lui, comme pour ses contemporains, un « conte du Graal » et ce que cette oeuvre pouvait représenter dans l'élaboration de la matière de Bretagne. Les manuscrits parisiens sur lesquels il s'appuie en 1839 ,
, Graal de Chrétien les trois premières Continuations : de longs textes en vers par lesquels divers auteurs du XIII e siècle ont essayé de donner une suite au roman laissé inachevé par Chrétien 144 . C'est une donnée importante car, pour La Villemarqué, le « poème du Graal » français s'assimile à ce vaste ensemble dont Chrétien n'a en réalité composé qu'une partie
, ce qui correspond d'ailleurs à la réception médiévale du Conte du Graal et de ses Continuations telle qu'en attestent les manuscrits, mais ce qui rend encore plus problématique sa démarche de quête des sources. Avant son voyage au Pays de Galles, il semblait exclure « les romans du saint Graal » de son champ d'investigation parce que ceux-ci n'auraient pas eu d'origine galloise 146 . Mais à partir de 1839, il intègre systématiquement Le Conte du Graal à ses recherches pour en démontrer l'origine celtique et « bardique, Graal (vers 1185-1190) et les Continuations (composées entre le début du XIII e siècle et les années 1230) 145 et conçoit le tout de manière continue, p.410
, La Première Continuation, anonyme, qui poursuit les aventures de Gauvain laissées inachevées (comme celles de Perceval) dans Le Conte du Graal, la Deuxième Continuation, attribuée à Wauchier de Denain, qui renoue avec Perceval, et la Troisième Continuation de Manessier qui achève en quelque sorte les aventures
The Conte du Graal cycle. Chrétien de Troyes's Perceval, the Continuations and French Arthurian Romance, A Study of the Conte du Graal and its Continuations, 2009. ,
, Voir supra, p.24
Or d'une part, les similitudes qu'il établit reposent davantage sur la comparaison de la Deuxième Continuation ,
ces similitudes attestent en réalité de l'influence partielle des romans français sur certains passages de Peredur 147 , même s'il présente un fonds gallois propre. À partir de la chronique d'Hélinand de Froidmont, composée vers 1210-1220 et qui rapporte la vision miraculeuse du Graal qu'aurait eue en 720 un ermite « in Britannia » 148 , La Villemarqué invente ensuite littéralement un « ermite gallois », qui aurait emprunté le mot « Graal ,
, est progressivement concurrencée par la thèse de l'origine armoricaine, étayée plus tard dans l'édition de 1860 par la découverte de la légende de Péronik qui, dit-il, « présente évidemment une version de la tradition celtique originale dont Pérédur est le héros gallois 150 ». L'argument principal repose cependant une nouvelle fois sur un chant du Barzaz-Breiz, selon une méthode déjà éprouvée? La ballade de Lez-Breiz représente désormais, sans plus d'argument que son origine armoricaine et donc ancestrale, l'original du Conte du Graal : Cette ballade offre plusieurs traits piquants qui ne se retrouvent pas dans le conte cambrien sous sa forme prosaïque actuelle, mais qui ont dû exister dans la rédaction celtique primitive
, On comprend alors que ceux-ci n'aient pas pour intérêt de rendre compte avec exactitude de l'état d'un manuscrit d'un roman français du XII e siècle. Il n'est donc pas nécessaire d'en transcrire strictement le texte qui représente moins une source, C'est donc à ce titre que La Villemarqué reproduit à cet endroit des Romans de la Table Ronde quelques passages du Conte du Graal
Les points de comparaison sont notamment les épisodes de la chasse au cerf blanc, de l'échiquier magique ou du chevalier noir à la tombe. Comme le rappelle Ceridwen Lloyd-Morgan, il est même probable que le roman de Chrétien ait influencé la composition de Peredur : « Historia Peredur ab Efrawg, Conte del Graal et d'autres sources françaises de l'Historia Peredur », Neophilologus, n°87, pp.145-157, 2003. ,
, Sa source est Émile Souvestre : « Elle a été recueillie de la bouche d'un paysan vannetais par M. Souvestre, p.396
, il écrit ainsi que l'auteur du Chevalier au Lion « surcharge » son oeuvre « de détails et d'ornemens [sic] variés, il s'écoute parler, il vise à l'effet ; il s'étale avec complaisance, il se pose en artiste 152 ». Le prologue de Calogrenant au début du Chevalier au Lion n'est plus qu'une « longue digression scholastique » ; par comparaison avec le poète gallois qui procède « par indication 153 », « le poète français est forcé par la nature même de son travail, cahier d'archive de 1839 puis dans les Contes populaires des anciens Bretons
, Chrétien « s'étudie à tout dire, à tout décrire, il ne laisse rien deviner à l'imagination, vol.154
, Nous connaissons la méthode que suit le trouvère en fesant passer en français les créations des conteurs gallois ; nous l'avons vu changer une fable courte, simple, claire, sans artifice, toute galloise, en une fable d'une longueur démesurée, maniérée souvent, complexe, artificielle toujours, dans le goût et selon le génie français, un génie qui appartient à une époque de moeurs chevaleresques plus polies, Erec et Enide ne trouve pas davantage grâce à ses yeux
écrit à propos de Perceval que « Les Gallois sont tous, par nature, / Plus sots que bêtes en pâture » et remanie pour cette raison sa supposée source, « de peur de paraître trop Gallois lui-même aux seigneurs bien élevés des cours de France de la fin du douzième siècle ». Cependant, ajoute La Villemarqué, « il ne les trouve pas si sots, quand il s'agit de leur dérober des traits de poésie d'une délicatesse exquise 156 », alors que l'on sait que cette vision des Gallois (commune avec la représentation des Irlandais) ,
, L'importance que La Villemarqué attribue progressivement aux origines armoricaines des romans arthuriens n'est donc pas fondée sur des sources bretonnes -il n
, Archives LV33.008bis, vol.157, p.161
, où il ajoute cette proposition finale : « c'est un lettré, Ces propos se retrouvent à l'identique dans les Contes populaires?, op. cit., p. 117 et dans Les Romans de la Table Ronde?, p.92
, Archives LV33.008bis, p.176
, Idem dans les Contes populaires des anciens Bretons, op. cit., p. 166-167 et dans Les Romans de la Table Ronde?, p.124
, textes du Moyen Âge pour eux-mêmes ; il leur accorde de l'attention parce qu'ils appartiennent à ce que l'on appelle la matière de Bretagne, qui ne peut avoir pour lui d'origine autre que « bretonne », au sens large, et c'est la raison pour laquelle il peut puiser dans le Barzaz-Breiz pour justifier de l, p.150
, Il leur appartient au même titre que l'épopée carlovingienne appartient à la vieille France féodale : comme elle, il repose sur un fond rude et primitif ; il respire, revendiquer pour les anciens Bretons, sans distinction de branche, l'invention du cycle de la Table Ronde
, intéresse pas La Villemarqué en tant que telle. Sa valeur réside uniquement dans la nature et l'ancienneté de ses origines dont la mise au jour doit permettre de faire connaître -et d'inventer -une Bretagne originelle fondée sur des traditions populaires immuables. Ainsi, des arguments tout à fait comparables serontils plus tard mis en avant par Ernest Renan dans « La Poésie des races celtiques 159 » pour défendre la thèse de l'origine galloise. Par la suite, quoique sérieusement vilipendées par les philologues, les idées de La Villemarqué ont fait long feu : on les retrouve, presque intactes, chez Roger Sherman Loomis 160 -dont les écrits font encore souvent autorité -ou dans des travaux universitaires de la fin du XX e siècle, menés par des non-spécialistes de la littérature médiévale française
Poésie des races celtiques », Revue des deux mondes, 1854/2, t. 5, pp.473-507 ,
origine celtique des romans arthuriens : la postérité du système de La Villemarqué, Histoires des Bretagnes 6. Quel Moyen Âge ? La recherche en question, pp.83-96 ,
Sur ce point, voir Hélène BOUGET et Magali COUMERT, « Enjeux épistémologiques des recherches sur les Bretagne médiévales en histoire, langue et littérature », art. cit. ; Hélène BOUGET, « Retour sur les origines de la matière de Bretagne et des romans arthuriens français : débats, Rennes, vol.2, 1982. ,