Le Roc’h Morvan (La Roche-Maurice) et les rocas, roches ou roc’h bretons
Abstract
De nombreux inventaires ont été consacrés aux châteaux, aux mottes et aux fortifications médiévales des différentes régions françaises. Les mottes ont souvent focalisé l’attention pour les périodes des XIe et XIIe siècles au point qu’on a pu croire qu’il s’agissait alors de l’archétype du château, un paradigme. C’est oublier que le choix d’un site peut êre conditionné par la topographie : on s’est quelquefois contenté d’aménager ou de retailler les flancs d’une éminence naturelle ou d’un promontoire pour y implanter une forteresse. Dans certains cas, on a édifié une tour au sommet d’un rocher. Ce type de site perché appelé roca (ou rocca) est caractéristique de certaines régions du Massif Central, où ils prédominent au XIe siècle. Il se distingue morphologiquement d’une motte implantée à l’extrémité d’un éperon, dominant la pente naturelle et isolée par un fossé dont les terres ont servi à surhausser le tertre semi-artificiel. L’un comme l’autre ont pu être désignés sous le vocable de « roche », « la roche », roc’h en breton, roca, rocha ou encore rupe en latin. Il est régulièrement associé au nom d’un homme que l’on peut identifier comme étant celui du constructeur du château. Certaines de ces forteresses ont eu une existence éphémère ; d’autres ont pu être occupées plus durablement, donner naissance à un habitat associé ou être dotées de logis neufs à l’époque moderne. Un rapide recensement permet d’identifier plus d’une quinzaine de roches anthroponymiques en Bretagne. Bon nombre de ces sites sont aujourd’hui délaissés, à l’état de ruines, voire éventrés par des carrières. L’un d’eux, La Roche-Maurice, dont l’occupation est attestée du XIIe au XVIIe siècle, a été l’objet d’investigations archéologiques et d’une mise en valeur récentes.