C'est dans les publications du 19e siècle, et notamment celles de La Borderie, que les nationalistes bretons puisent, dès les années 1920, l'argumentation historique propre à élaborer leur doctrine. Mais au delà de la simple et tardive mise en œuvre une recette éprouvée quelques décennies plus tôt par d'autres nations européennes, en partie construites sur des histoires victimisantes, les ténors de Breiz Atao utilisent l'histoire médiévale bretonne afin de faire face aux troubles de l'entre-deux-guerres. Ainsi par exemple, les commémorations de Saint-Aubin-du-Cormier leur permettent non seulement d'exprimer l'impossible deuil des soldats morts à la Grande Guerre, que la Bretagne, pensent-ils, a perdu, mais encore de nier cette défaite et de poursuivre le combat. Dans cette pratique d'instrumentalisation du moyen-âge au gré des événements, chaque tendance du mouvement breton trouve matière à s'exprimer et s'identifier, avant que d'autres périodes de l'histoire de Bretagne ne trouvent, à la faveur de la « Révolution nationale », grâce à leurs yeux.