Résumé : La palatalisation des occlusives vélaires (/k g/, prononcées /ʧ ʤ/) apparaît aujourd’hui comme le trait le plus emblématique des parlers bretons vannetais. Cette caractéristique n’a pourtant pas toujours été mise en avant. Au XVIIIe siècle, Le Pelletier et Cillart de Kerampoul donnent des indications précises sur les dialectes bretons mais ne disent rien sur la palatalisation. Grégoire de Rostrenen en 1732 décrit un phénomène bien différent de celle qui s’entend aujourd’hui. Peut-on dès lors admettre que la palatalisation soit si ancienne qu’on l’a longtemps pensé ? Je propose dans cet article de réexaminer la question, en pondérant l’apport de la géolinguistique, en recoupant les atlas par d’autres sources insuffisamment exploitées. Je tâcherai de démontrer l’hypothèse de deux vagues de palatalisation : à une première prononciation dorso-palatale aurait ainsi succédé une prononciation apico-palatale très récente. Le caractère dynamique et non-stabilisé du phénomène au moment même où il était cartographié, ainsi que l’hyper-vernacularisation concomitante du breton expliqueraient en grande partie l’apparente irrationalité des données de terrain.
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