Un contre-modèle. La littérature du breton mondain
Abstract
Au XVIIIe siècle, les livres en breton imprimés parvenus jusqu’à nous sont presque exclusivement religieux. Inscrits pleinement dans le mouvement insufflé par les Jésuites, ces ouvrages offrent un cadre moral strict à une population susceptible de les acheter – à savoir les laboureurs – et de servir de relais à ce message. Les deux représentants exemplaires de cette littérature sont les Heuryou brezonec ha latin, composet quen e Pros quen e Guers, e faver ar Bopl simpl / Heures bretonnes et latines, composées tant en Prose qu’en Vers, en faveur du peuple simple (1712) de Charles Le Bris, et la Buez ar Sænt, evit gloar Doue, evit enor ar Sænt, evit santification an Eneou / Vie des Saints, pour la gloire de Dieu, pour l’honneur des saints, pour la sanctification des Ames (1752) de Claude Guillaume de Marigo. Ces deux ouvrages, réédités et amendés, connaîtront un succès durable jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Cependant, il existe également des écrits profanes en langue bretonne qui sont l’expression littéraire d’un breton mondain pratiqué par la noblesse ou la bourgeoisie. Cette littérature mondaine peut aisément être définie comme un contre-modèle – dans tous les sens du terme. Pourquoi ?