Si l'on peut toujours exhumer, en France, telle ou telle figure du métier d'éducateur avant la 2ème guerre mondiale, indubitablement c'est durant le régime de Vichy que s'est mis en œuvre ce métier. On ne peut pas saisir à notre sens les fondements de cette histoire si on obère le fait régional. Dans un contexte qui fleure bon la Révolution nationale, les régions seront largement mises en avant par les politiques vichystes et ce sont à partir de spécificités régionales - restera à définir dans ce cadre le terme de culture, voire d'identité - que va se réaliser, de manière différente selon les dites régions toute l'organisation de la prise en charge des enfants et adolescents inadaptés. Les associations régionales de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (ARSEA) créées dès 1943 et prolongées à la Libération entérinent cette échelle. Des personnalités issues ici de Bretagne (Jacques Guyomarc'h), là du Languedoc (Robert Lafon), etc. sont à la fois très marquées par leur culture d'origine et fins stratèges pour faire en sorte que leur union nationale donne durablement le " la " de la politique en matière de protection de l'enfance. Il faudra attendre l'évènement du Gaullisme, pour que le centralisme puisse prévaloir. Jusqu'au milieu des années 1960, il y a en tous les cas une marque régionale forte. Nous retiendrons l'exemple de la Bretagne (et quelques avancées comparatives avec d'autres régions) à partir d'un ouvrage que nous venons de faire paraître : L'histoire de l'éducation spécialisée en Bretagne 1944-1984.