Identité, territoire et politique en Bretagne.
Abstract
La grande majorité de la population bretonne remet à l'honneur au cours des années 1990 ce qui fait, à ses yeux, sa spécificité. La musique bretonne se vend très bien tout au long de cette décennie, les fêtes de nuits (festoù-noz) et les festivals connaissent un vif succès (jusqu'à la deuxième « Nuit celtique », qui rassemble 65 000 personnes au stade de France le 15 mars 2003), la population se montre soucieuse du devenir de la langue bretonne et, selon les sondages, proclame son attachement à tout ce qui fait l'originalité supposée de son mode de vie. Cet élan connaît une certaine traduction économique avec, notamment, la labellisation de biens et services « produits en Bretagne », la diffusion de publicités et même de produits « identitaires » ou la création d'une télévision privée régionale bilingue. En revanche, l'élan des dernières années ne connaît aucune traduction politique. Non seulement la violence politique séparatiste est massivement refusée par la population, mais cette dernière semble également craindre et rejeter toute démarche politique particulariste, comme en attestent les faibles résultats des autonomistes aux diverses élections. Ceci donne l'impression d'une cohérence des attitudes et comportements bretons, au point qu'on pourrait se demander s'il n'existerait pas une sorte de projet implicite et diffus, partagé par une large fraction de la population bretonne.
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