Tous les lecteurs de Mais il y a la mer connaissent le fameux masque de couverture du folio de Gallimard ouvrant sur l'imaginaire d'un cardinal ou sur un cardinal imaginaire. L'historien, en décalage de méthode par rapport à la démarche littéraire, semble quant à lui contraint de rechercher la réalité derrière les masques de l'écrivain et du cardinal. Pour l'occasion, on nous permettra cependant de rejoindre la perspective de Jean Sulivan en revendiquant la phrase qu'il avait écrite cinq ans après Mais il y a la mer (dans lequel il avait pourtant tout dit sur Mgr Roques) - « J'aurais bien voulu savoir ce qu'il y a derrière le masque ». Les « masques » du roman sont d'ailleurs trop nombreux pour vouloir approcher trop vite de la réalité. Contentons nous d'en signaler quelques-uns : confrontation du pouvoir littéraire et du magistère épiscopal à l'intérieur de l'Église, mise en abîme audacieuse par le nouveau roman du récit d'édification inversant la représentation traditionnelle de l'autorité hiérarchique, autopsie des fastes d'une Église monarchique de prestige annonçant sa décadence, transgression du prêtre-écrivain en quasi-rupture d'Église sur fond de préparation du concile, mise sur la place publique des codes opaques d'une grande ville de province par l'entremise symbolique de la littérature... Tout en reconnaissant volontiers être pris par l'ivresse de cette lecture passionnante, l'historien sera tenté de laisser l'abbé Lemarchand inventer Jean Sulivan dans le microcosme rennais et l'Église traditionnelle de Pie XII pour mieux comprendre son cheminement et son urgence d'écriture dans la chronologie conciliaire.