Le pouvoir des reines Lombardes.
Abstract
La transmission du pouvoir chez les rois lombards s'opérait souvent de manière complexe, puisque la royauté ne fut jamais transmise de père en fils durant plus de trois générations. Les femmes jouaient un rôle fondamental dans ces luttes pour la fonction royale, comme le montre la comparaison entre l'Edit de Rothari, l'Origo gentis Langobardorum et la Chronique de Frédégaire, trois présentations différentes, souvent contradictoires, du passé lombard rédigées au cours du VIIe siècle de notre ère. Elles assignent un rôle tout à fait différent aux femmes dans la transmission du pouvoir, révélant l'existence de stratégies diverses au sein des groupes aristocratiques en concurrence. Certains niaient toute place des femmes dans les affrontements politiques et refusaient toute légitimité à celles qui souhaitaient y intervenir, en se référant au modèle biblique. D'autres s'appuyaient au contraire sur des femmes de pouvoir, comme les reines Théodelinde et Gondeperge, femmes de plusieurs rois lombards, et défendaient leur droit à participer aux luttes politiques. Ainsi, le pouvoir des femmes apparaît comme une réalité pour déterminer le choix du souverain, mais aussi comme l'objet d'un débat théorique dans lequel intervenaient les femmes elles-mêmes.