Les enjeux culturels de l'évangélisation protestante au XIXe siècle.
Abstract
L'évangélisation protestante française, au cours du XIXe siècle, s'est faite largement autour de l'imprimé. Les promoteurs du Réveil ont peu à peu diversifié les moyens employés, depuis la distribution systématique d'exemplaires des Saintes Écritures, opérée sous l'impulsion des diverses sociétés bibliques dès 1815, en passant par toute une littérature de colportage qui prend son essor après 1830, jusqu'à des formes d'édition plus élaborées comme des mensuels pour publics divers ou des ouvrages de culture savante. Le présent article entend étudier l'évolution et la mise en oeuvre des ces stratégies. Loin du stéréotype véhiculé volontiers dans le discours évangélique qui voit dans la conduite des diverses oeuvres une action unique et directe de la volonté divine, l'analyse historique faite à posteriori dégage plutôt un équilibre complexe entre la prise de conscience de besoins, la volonté spirituelle et l'aptitude à y répondre, et les moyens financiers et techniques disponibles. Le tout forme un jeu complexe qui aboutit, dans le domaine qui nous intéresse, à un ensemble d'interactions culturelles. Nous l'aborderons ici par l'exemple de la Société de Livres Religieux, dite « de Toulouse », qui a édité près de 8 millions d'ouvrages entre 1833 et 1905. Avec sa consoeur, la Société des Traités Religieux (dite « de Paris »), elle a représenté la grande maison édition religieuse protestante au XIXe siècle.