L'enquête sociologique « au service » de la politique sportive des Fédérations sportives ? L'exemple d'une typologie des pratiquants de la Fédération Française de Karaté et Discipline Associées.
Résumé
En octobre 2008, une convention tripartite d'un an a été signée entre le Ministère de la Jeunesse et des Sports (financeur principal), la Fédération française de Karaté et Disciplines associées (FFKDA-commanditaire) et l'Université de Bretagne occidentale en vue de la réalisation d'une enquête de nature sociologique devant aboutir à la réalisation d'une typologie des pratiquants du karaté en France. Cette étude repose, d'un point de vue méthodologique, sur la collecte par questionnaires puis entretiens, des caractéristiques principales des pratiquants ainsi que de leurs opinions sur le karaté en France. L'intérêt de la Fédération, outre de mieux appréhender l'espace des pratiquants, est surtout de connaître finement le sens que les pratiquants donnent à leur discipline, ou encore les attentes de ces derniers ; ainsi, elle entend par exemple mieux saisir les raisons qui poussent certains publics à stopper leur pratique. Dans la mesure où elle aboutira au perfectionnement de la politique sportive de la FFKDA, la réalisation de cette étude pose diverses questions de fond, qui méritent débat. En promouvant cette démarche de recherche et en sollicitant pour cela un financement ministériel, la FFKDA montre clairement sa volonté de développer son secteur « Recherche et développement ». Cette intention ne peut-elle pas se comprendre, par exemple, au regard de la quête de légitimité sur la scène des politiques sportives de cette discipline encore non-olympique ? Dès lors, nous nous interrogerons sur les raisons et les conséquences réelles du financement de cette étude estampillée FFKDA par l'Etat ? Nous évoquerons aussi la question de l'instrumentalisation relative de cette recherche qui, si elle dénote d'une originalité méthodologique et problématique avérée, ne peut pour autant se départir des attentes de la fédération ni se passer des données que celle-ci lui fournit.