La chronique de Geoffroy de Monmouth, qui rendit célèbre le lignage troyen-breton, fut adaptée en Islande à une date incertaine ; il nous reste plusieurs témoins (directs ou indirects) de deux versions du XIVe siècle qui divergent dans leur contenu. L'auteur tente de donner un aperçu du lien textuel et généalogique qui soude la « matière de Troie » (c'est-à-dire Darès, enrichi d'interpolations de Dictys, de l'Ilias latina et des Mythographes du Vatican, entre autres) à l'histoire des rois bretons (soit la chronique de Geoffroy interpolée, entre autres, d'autres chroniques) puis à la « matière du Nord » (c'est-à-dire l'historiographie norroise proprement dite) ». La filiation s'effectue aussi sur le plan symbolique, entre cette royauté idéale, importée de compilations étrangères (ou composée à partir d'elles) et l'œuvre des historiographes scandinaves.