La création du service public de la Jeunesse et des Sports en France après la Libération.
Résumé
En septembre 1944, les institutions créées par le gouvernement de Vichy sont supprimées. Le gouvernement provisoire du général de Gaulle cherche en premier lieu à rétablir des idées républicaines bafouées durant la guerre. Dans le cadre des politiques dites de l'« éducation populaire », il s'agit notamment de constituer un vrai « service public de la jeunesse et des sports ». D'abord mal délimitées, les prérogatives de cette administration naissante se stabilisent en 1948. Notre étude vise à comprendre comment se concrétise cette volonté politique ambitieuse à un plan local. Le cas singulier de l'Alsace, notamment, nous permettra de saisir quelles ont été les modalités de cette mise en place des directions régionales et départementales de la Jeunesse et des Sports. Ces « services déconcentrés » s'attachent dès les premières heures de leur structuration au dégagement de « plans d'action prioritaires » (formation de cadres sportifs par exemple). L'élaboration de ces politiques à long terme suit dès lors une ligne de partage assez tranchée entre ce qui divisera toujours l'intervention publique à destination de la jeunesse en France : les sports et la culture populaire. Nous serons ici amené à mettre en avant certaines hésitations et ambiguïtés des politiques sportives publiques, de la même manière que nous interrogerons le rapport des services de la Jeunesse et des Sports aux diverses structures préfectorales (services des affaires culturelles notamment), qui se mettent en place à la même période avec des objectifs parallèles. Nous questionnerons également les enjeux de la définition d'une politique sportive et/ou de jeunesse en Alsace durant la période de l'après-guerre. Nous montrerons enfin que plus que les institutions elles-mêmes, ce sont certaines personnalités qui ont surtout contribué à mettre sur pied le « service public de la Jeunesse et des Sports ». Cette perspective de recherche ouvre à n'en pas douter diverses pistes de comparaison avec les processus de constitution des services publics de la jeunesse et des sports repérables dans d'autres territoires.