Histoire de la collecte et constitution de la littérature orale en Bretagne.
Abstract
Jusqu'à ces dernières décennies, le patrimoine oral breton, comme bien d'autres, ne nous a été connu que par ce qu'à bien voulu nous en dire la culture écrite, savante. Le passage de l'oral à l'écrit n'est évidemment pas sans conséquence, d'autant plus s'il s'accompagne, comme souvent en Basse-Bretagne, de la traduction d'une langue dans une autre. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir se développer en Europe un véritable mouvement d'intérêt pour la culture populaire de tradition orale. En France, la Bretagne prend alors une place prépondérante : dès les années 1820, certains membres de la noblesse rurale jouent un rôle de pionniers, bientôt relayés, en 1839, par La Villemarqué et son Barzaz-Breiz. La vive controverse qui entoure l'authenticité des chants de ce recueil ouvre la voie à une approche plus rigoureuse des documents oraux. Luzel, Sébillot sont quelques-uns des principaux "folkloristes" à recueillir ce que l'on prend l'habitude d'appeler "littérature orale". Après une pause entre les deux guerres mondiales, les collectes reprennent et, dans les années 1950, le mouvement culturel breton apporte son soutien aux enquêtes scientifiques. Les années 1870 sont marquées par un spectaculaire mouvement revivaliste : d'abord musical, il touche également le chante et le conte et donne lieu à d'abondantes collectes. Depuis deux siècles, à ainsi été accumulée une documentation irremplaçable, mais qui reste encore largement à analyser.