L'œuvre littéraire de Lidia Zinovieva-Annibal (1866-1907) donne une place inédite au corps, non pas au corps de l'apparence extérieure, mais à celui des sensations et des émotions primaires. A l'écoute de ce corps, au fil de ses écrits, l'écrivaine dessine une nouvelle représentation du sujet féminin. Les élans de vie et la sexualité, loin d'être des penchants à réprimer, se révèlent des supports pour la constitution du sujet et l'affirmation de soi. L'opposition âme/corps s'efface devant la découverte d'une pulsion de destruction qui côtoie la pulsion de vie à l'intérieur même du sujet. Les rapports sociaux sont éclairés d'une liumière nouvelle, et l'auteur met à jour la violence, consolidée par la tradition, qui radicalise la distinction "Je", "Nous" et les "Autres". Lidia Zinovieva-Annibal-Annibal, en partageant une expérience profonde, enracinée dans le corps, transforme la représentation de soi. Elle ouvre la voie à d'autres auteurs féminins dans la littérature russe, qui s'efforceront comme elle, d'élargir leur liberté de création.