Pascale Bonnemère est anthropologue et directrice de recherche au CNRS. Dans cet entretien, elle revient sur les recherches ethnographiques qu'elle mène depuis 1987 chez les Ankave-Anga de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Lors des initiations masculines collectives et individuelles (à l’occasion de la naissance d’un premier enfant), elle a documenté l’implication des mères et des sœurs des novices dans le dispositif rituel. Une telle analyse met l’accent sur la nécessité, pour qu’un garçon devienne un homme adulte (et un oncle maternel), de rejouer des situations relationnelles passées et présentes avec des femmes de sa parenté proche pour pouvoir les transformer. Après avoir ensuite mené de longs entretiens avec Chris Owen et fait paraître en 2022 un ouvrage sur sa vie en Papouasie-Nouvelle-Guinée et sa filmographie, elle a entrepris l’analyse des cycles rituels masculin et féminin d’un autre groupe anga, les Baruya, en se fondant sur les archives ethnographiques numérisées de Maurice Godelier, qui avait insisté sur l’exclusion des femmes des rituels masculins. Une manière pour elle de tester son hypothèse selon laquelle les initiations mettent en scène une série de transformations relationnelles. Cet entretien s'inscrit dans le cadre du programme I-DEA (Illustration et Documentation audiovisuelles des Études Aréales) qui vise à documenter les langues et les thèmes de recherche des enseignant.e.s-chercheur.e.s en Études Aréales.