Cet article traite de la consommation d'alcool des joueuses de rugby, en particulier durant le temps de la " troisième mi-temps " qui suit traditionnellement les rencontres. La question principale abordée est celle des usages de l'alcoolisation et de la transgression des normes de la féminité. L'enquête menée porte sur les joueuses d'une équipe de l'Ouest de la France, de niveau amateur. Elle mêle des séquences d'observation ethnographique et des entretiens semi-directifs menés avec ces joueuses (n=10). Les résultats montrent que dans cette pratique marquée par des débordements festifs et socialement construite comme masculine, les femmes ont un rapport à l'alcool spécifique : si la consommation paraît nécessaire pour elles en vue de montrer leur appartenance à une prétendue " culture rugby ", elle est pour autant loin d'être complètement débridée. Au contraire, ses effets sont en partie travaillés par le groupe. L'alcoolisation lors des troisièmes mi-temps renvoie dans ce sens à un dilemme, celui de s'affirmer comme rugbywomen tout en restant femmes.