L'autorité épiscopale à l'épreuve des deux guerres mondiales.
Résumé
En complément de sa légitimation proprement ecclésiale qui l'impose passivement en tant qu'autorité traditionnelle comme une autorité « naturelle », l'évêque a toujours dû activement et continuellement négocier son pouvoir avec son peuple sur le terrain de la représentation. Cette idée de représentation négociée, empruntée aux historiens modernistes qui ont ainsi renouvelé l'approche de l'absolutisme royal, s'impose aussi pour des prélats détenant un pouvoir monarchique dans leurs diocèses, du moins jusqu'au concile Vatican II. La nouvelle « guerre de trente ans » définie par Charles de Gaulle pour désigner les deux conflits mondiaux du vingtième siècle offre précisément une surexposition de la figure hiérarchique catholique, notamment dans l'espace public patriotique, qui rend intéressant l'exercice comparatiste. En quoi la représentation symbolique d'épiscopat de guerre aide-t-elle à relire le contraste classiquement reconnu entre la Grande Guerre légitimant le corps hiérarchique après la tempête de la Séparation et l'Occupation affaiblissant de manière significative son autorité ?